Que faisons-nous ? Et pourquoi donc ?

 

LE FOND

À ses tout débuts la Compagnie Ah mon Amour ! explore dans ses créations les méandres, les fulgurances et les déchirements de l’intime. Mais tel un être en mue permanente elle ne s’arrête pas là, la bougresse. À partir de 2013, Geneviève Voisin, sa directrice, sortie éblouie des conférences gesticulées de Franck Lepage et grandie par la lecture de la désobéissance civile de Henry David Thoreau, ressent le besoin de faire se côtoyer l’intime et le politique pour passer du plus petit dénominateur commun au plus grand démultiplicateur commun et œuvrer ainsi, à sa mesure, au plus grand bonheur du plus grand nombre. – Pour que nos amis sportifs aussi comprennent la démarche, on dira qu’elle passe du plus petit au plus grand braquet. Merckx (Eddy) et Marx (Karl) apprécieront.

La compagnie va dès lors traiter des sujets comme la faim dans le monde, le passé colonial belge, l’hospitalisation des enfants, la haine du poil dans notre société capitaliste, l’intelligence artificielle – et de rire et de rire.

Dans un désir d’ouverture permanent et d’approfondissement des sujets abordés, elle multiplie les rencontres avec des collaborateurs de tous horizons : théâtreux, acteurs, philosophes, écrivains, clowns, musiciens, scénographes, graphistes, avocats, psychologues, pédiatres –baby-sitters aussi – qu’elle enrôle de farce, qu’elle « AhMonAmourise » pour le plus grand bonheur de tous – sorte de flower-power musclé mais toujours délicieux et convivial. Font maintenant partie de la famille et collaborent régulièrement aux créations : Serge Bodart, Carina Bonan, Justine Verschuere Buch, Francesco Mormino, Hélène Pirenne

Canaille élégante, gaillarde aimante elle aborde crânement – même pas peur ­, les bastions des idées reçues, les montagnes de préjugés et les manichéismes abyssaux.

En chantant, dansant, disant, éructant, accouchant, grésillant, la compagnie interroge les fonds de tiroir de l’histoire, la grande comme la petite, elle dépote les pots de terre qui aiment s’en prendre aux pots de fer, elle zèbre les nez rouges et elle favorise même la repousse du poil – à gratter aussi.

Profonde, dense et respectueuse dans son rapport avec les spectateurs, elle interagit de plus en plus avec les secteurs associatif, militant et scolaire, et se mélange, se pétrit, puis se multiplie avec son public sans distinction de genre, d’âge, de couleur ou de milieu –L’amie n’en sera que plus tendre et la croûte plus croustillante.

 

LA FORME

Flamboyante, toujours enflammée, la Compagnie Ah mon Amour ! allie et ose, si cela sert le propos, l’insolence et l’irrévérence, la goujaterie et la gouaille, la douceur et la poigne et pousse toujours l’oxymore à son paroxysme.

Elle pratique sans vergogne « l’arte povera » de la scénographie fauchée et fâchée en recyclant un décor dans l’autre, en fabriquant toujours ses costumes maison. Ecolo de la première heure, elle fait du tri sélectif spectaculaire avec les dents là où d’autres le font avec des pincettes.

Elle mêle des textes savamment distillés à des chansons d’un autre temps, entrelace le clown au théâtre, le théÂtre au Théâtre, le rock au pop, le kitch au catch, le sketch au skat, le sexe au sax, elle greffe l’intelligence à la bêtise – en espérant toujours que ça finisse par prendre –,croise la microchirurgie et la tronçonneuse, nébulise le napalm ou les huiles essentielles, entrechoque l’évidence éclair au clair-obscur… – y en a un peu plus, je vous le mets quand même ?